TFM - TRAITÉS FRANÇAIS SUR LA MUSIQUE

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Fn and Ft: MENNOU TEXT
Author: Menehou, Michel de
Title: Novvelle instrvction familiere
Source: Novvelle instrvction familiere, en laquelle sont contenus les difficultés de la Musique, auecques le nombre des concordances, et accords: ensemble la maniere d'en vser, tant à deux, à trois, à quatre, qu'à cinq parties (Paris: Nicolas du Chemin, 1558; reprint ed., Genève: Minkoff, 1981).
Graphics: MENNOU 01GF-MENNOU 15GF

[-f.Air-] NOVVELLE INSTRVCTION FAMILIERE,

en laquelle sont contenus les difficultés de la Musique, auecques le nombre des concordances, et accords: ensemble la maniere d'en vser, tant à deux, à trois, à quatre, qu'à cinq parties: nouuellement composée par Michel de Menehou, maistre des enfans de Choeur de l'Eglise sainct Maur des fossez, lez Paris.

1558.

A PARIS.

De l'imprimerie de Nicolas du Chemin, à l'enseigne du Gryphon d'argent, rue Sainct Iean de Latran.

Auec priuilege du Roy, pour dix ans.

[-f.Aiv-] Extraict du priuilege du Roy.

IL est permis à Nicolas du Chemin, marchand Libraire demeurant à Paris, d'imprimer, ou faire imprimer, et mettre en vente tous liures nouueaux, en Musique: Comme Messes, Motets, Magnificats, Psalmes, et Hymnes en l'honneur de Dieu. Chansons, Gaillardes, Paduanes, Bransles, Bassedanses, Tordions, et aussi plusieurs autres liures de Tabulatures du ieu de lut, Guiterne, Espinette, et autres instruments musicaux, et generalement toute sorte de Musique tant vocale que instrumentale, qui n'ont encore esté imprimées. Auec inhibitions, et defenses à tous Libraires, Imprimeurs, et autres qu'il appartiendra, de non imprimer, ne faire imprimer, ne vendre ne distribuer tous et chascuns les liures nouueaux en Musique, et Tabulatures des ieux d'Orgues, Luts, Guiternes, et Espinettes, cy dessus mentionnées, que ledit du Chemin entend par cy apres imprimer, ou faire imprimer, augmenter, et corriger (sans le vouloir, et consentement d'icelluy) Dedans le temps et terme de dix ans consecutifs, à commencer du iour, et datte que lesdits liures seront acheuées d'imprimer: Sans qu'il soit loisible à autres Libraires, Imprimeurs, et autres personnes quels qu'ils soient, s'ingerer lesfaire apres luy, ne d'iceux tronquer, separer, cueillir le meilleur desdits liures, Caracteres, et Tabulatures, ne changer les noms des autheurs pour quelque impression que se soit, grande, ou petite forme: et ce sur peine de confiscation desdits liures, et d'amende arbitraire. Comme plus à plain est contenu en l'original de ces presentes. Donné à Fontaine bell'eaue, le treziesme iour de Mars, Mil cinq cens cinquante quatre.

Par le Roy. Monsieur Martin Fumée, maistre des requestes ordinaire de l'hostel present.

Signé de la Ruë: Et séelle du grand seau, en cire iaulne, en simple queuë.

[-f.Aijr-] A ILLVSTRISSIME, ET REVERENDISSIME CARDINAL du Bellay, Michel de Menehou, maistre des enfans de Choeur de son Eglise de Sainct Maur des fossez, son tres-humble, et obeissant seruiteur, desire felicité perpetuelle.

MOnseigneur depuis que i'ay eu du seigneur Dieu ce peu d'esprit qu'il luy a pleu me donner, et de vous apres principal moyen de mon sçauoir tel qu'il plaist aux personnes bien affectées en faire iugement, pesuadé, et prouoqué de l'exemple des anciens, qui apres l'honneur des Dieux, du tout s'addonnoient au profit des hommes: et mesme de plusieurs bons espritz de nostre temps, qui touchés du mesme Zele, s'efforcent à l'enuy les vns des autres d'illustrer leurs oeuures. Les Poëtes par leurs poësies, les Geomettres, Astrologues, Medecins, et autres, chascun en leur faculté. Pour ne perdre ce poinct, en semblable entreprise, suyuant ma profession, ie me suis mis ces iours passés à composer ce petit art de Musique. Et pource que les innouateurs, ou inuenteurs des bonnes choses, pour donner cours à leurs oeuures, se sont tousiours aydes de la faueur des plus grands (entre lesquelz tenés le premier rang) pour autant qu'ilz sont comme vrays exemples de vertu, aux quelz toutes doctes personnes se formalizent, de sorte que ce qui est par eux receu, est de tous approuué: A ceste cause (monseigneur) ne trouuerés estrange, s'il vous plaist, si i'ay osé prendre la hardiesse de vous dedier ce petit oeuure. Lequel toutes-fois i'espere que ne trouuerés indigne de vostre veuë en ce qu'il contient. Non qu'il vous puisse apporter quelque profit, homme accomply en tout genre de sçauoir, mais à fin que de mon estude eussiés le premier fruit, comme premier fauteur d'iceluy. Esperant que vostre nom tresillustre luy sera sauf conduit enuers les plus difficiles: Ioinct que vous par vòs excellentes vertus, demeurant à iamais immortel, rendrés facilement ce liure de pareille durée. Parquoy (Monseigneur) ie prieray vostre grandeur vouloir accepter [-f.Aijv-] ce que ma petitesse humblement luy presente: à fin que soubs la guide de votre protection, et authorité, d'un chascun hautement reuerée, ce mien opuscule trouue lieu de faueur entre les hommes. Lequel ie ne doute qu'il ne soit bien receu de tous, si de vous est vne fois accepté, et fauorizé, dont seray à iamais tenu, et obligé de prier le Souuerain Crëateur vous donner en prospere santé heureuse felicité, que vòs grandes vertus meritent. De Sainct Maur des fossez, ce douziesme de Mars, Mil cinq cens cinquante huict.

Prologve de l'avthevr.

COnsiderant le bon vouloir, et affection, que beaucoup de ieunes gens prennent pour apprendre la Musique, qui est l'une des sçiences liberalles, En laquelle (apres y auoir quelque temps estudié) veullent, et desirent sçauoir la maniere de pratiquer les accords affin de coucher quelque chose par escript. Lesquels souuentesfois par faute de moyen, et autres raisons, ne peuuent hanter, ne frequenter les personnes ydoines, et propices pour leur monstrer: ce qui leur est beaucoup de fois occasion de annichiler ce bon vouloir: aussi qu'il ne se trouue par escript, qui leur puisse familierement donner à cognoistre la maniere de ce faire. Cela m'a osté toute la crainte que i'auois d'entreprendre ceste petite Instruction familiere, par laquelle ils pourront (moyennant leur labeur, et diligence) facilement paruenir à ce que dessus. Aussi qu'elle me pourra acquitter de la promesse que par cy deuant ie pourrois auoir faitte par quelques autres petits Rudiments de Musique. Et pour le commencement ie traicteray quelque petit de la difference des signes que nous pouuons auoir en nostre Musique, et d'autres choses que beaucoup de gens (apres auoir quelque temps apprins leur partie) desirent sçauoir, et entendre, combien qu'on n'en vse à present comme on à fait le temps passé, ce neantmoins pour leur en seruir, en temps, et en lieu. En apres des concordances, et accords, auecques la maniere d'en vser, ensemble les cadences tant à deux, à trois, à quatre, qu'à cinq parties, comme pourrés voir par le discours cy apres.

[-f.Aiijr-] Des trois degrés de Musique.

Chapitre 1.

PRemierement, faut noter qu'il y a trois degrés de Musique, dont le Premier est appellé Mode, ou Meuf. Le second est appellé Temps. Le troisiesme Prolation. Lesquels contiennent (chascun en son endroit) le Parfait, et l'Imparfait. Et pour cognoistre que c'est que Parfait, et Imparfait: Il faut retenir que Parfait, c'est celuy qui conte, et mesure par trois les notes, et pauses: sur lesquelles sa puissance s'estend. Et l'Imparfait est celuy qui les mesure par deux, comme ie declareray plus amplement cy apres.

De Meuf, premier degré.

Chapitre 2.

NOus auons de deux manieres de Meuf: Le Maieur, et le Mineur (chascun en son endroit) Parfait, et Imparfait. Meuf Maieur parfait se peut figurer par diuerses sortes selon plusieurs, et diuers autheurs: mais ie suiuray la plus grande, et meilleure opinion, pour euiter la prolixité, que ie pourrois auoir à descripre toutes icelles diuerses sortes: combien que maintenant il n'est plus en vsage, comme il a esté le temps passé. Ce neantmoins il est bon de l'entendre, et sçauoir. Et pource Froschius en son liure intitulé Opusculum rerum Musicalium chapitre 16. Et Lampadius en son liure intitulé Compendium Musices, ils ont Meuf Maieur parfait figuré ainsi (a) Et Franchinus, le figure seulement par deux bastons, contenant chascun quatre regles situés deuant le cercle rond, ou demy. (b) Et l'Imparfait, par l'absence des pauses. (c) Semblablement Meuf Mineur parfait les premiers sçauoir est Froschius, et Lampadius le figurent ainsi (d) Et Franschinus le figure par vn baston seul deuant le dit cercle rond, ou demy. (c) Et l'Imparfait par l'absence du dit baston. (f) Toutes-fois par ce qu'ils ne sont plus en vsage principalement le Meuf Maieur parfait, il ne peut chaloir lequel de ces deux signes: aussi que ie n'y trouue aucune difference comme ie puis faire au Meuf Mineur, dont ie parleray cy apres. La propre nature de Meuf Maieur parfait, c'est d'auoir esgard de mesurer les Maximes selon les Longues de sorte que laditte Maxime de sa propre nature vaut trois Longues. (a) (b) Et la Maxime de l'Imparfait deux. (c). Pareillement la nature de Meuf Mineur parfait, c'est de mesurer les Longues entre les Breues, de sorte que laditte Longue de sa nature contient trois Breues. (d) et (e) Et la Longue de l'Imparfait deux. (f) qui est pour le premier degré.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiijr; text: Meuf Maieur. Meuf Mineur. Parfait. Imparfait. .a. .b. .c. .d. .e. .f.] [MENNOU 01GF]

[-f.Aiijv-] Du Temps, second degré.

Chapitre 3.

LE Temps Parfait, de sa propre nature, n'a esgard, que sur les Breues, et Semibreues, de sorte que la Breue (autrement appellée Temps) vaut de sa nature trois Semibreues. Le Signe est tel (g) Et la Breue de l'Imparfait deux: Le signe tel. (h)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiijv,1; text: Temps parfait, Imparfait .g. .h.] [MENNOU 01GF]

De la Prolation, troisiesme, et dernier degré.

Chapitre 4.

LA Prolation n'a esgard que sur les Semibreues, et Minimes, et est cognuë quand il y a vn poinct dedans le cercle rond, ou demy: mais quand il est rond, la Breue est parfaitte à cause du Temps parfait. Et la Semibreue parfaitte à cause du poinct: laquelle Semibreue vaut trois Minimes blanches, car c'est sa propre nature. (i) Et quand ledit cercle n'est qu'à demy, lors la Breue ne vaut que deux, et la Semibreue demeure parfaitte, à cause dudit poinct. (k) La Prolation imparfaitte est cognuë par l'absence dudit poinct, alors laditte Semibreue ne vaut plus que deux Minimes. (l) Tous lesquels signes cy dessus sont appellés Signa extrinseca par ce qu'en chascun degré le propre signe y est signé au long, et peuuent autrement lesdits degrés estre signés, et cognus par certaines pauses, ou notes noires, sans autres signes, comme cy apres sera declaré.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiijv,2; text: Temps, et Prolation parfaits. Prolation parfaitte, et Temps imparfait. Prolation imparfaitte. .i. .k. .l.] [MENNOU 01GF]

Autres signes desdits trois degrés.

Chapitre 5.

PRemierement, Meuf Maieur parfait se peut figurer par deux bastons contenant chascun quatre regles. (a) ou par trois Maximes noires. (b) Le Meuf Mineur par vn baston seul. (c) ou par trois Longues noires. (d) Le Temps par deux pauses pendantes en vne mesme regle, (e) ou par trois Breues noires. (f) La prolation, par deux souspirs leués sur vne mesme regle. (g) ou par trois Semibreues noires. (h) Sans leur bailler autres signes, et lors seront appellés Signa intrinseca par ce qu'ils seront sans aucun cercle comme appert par exemple.

[-f.Aiiijr-] [Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiiijr,1; text: Meuf Maieur parfait. Meuf Mineur parfait. Temps parfait. Prolation parfaitte. .a. .b. .c. .d. .e. .f. .g. .h.] [MENNOU 02GF]

Des trois degrés cy dessus conioincts ensemble.

Chapitre 6.

LEsdits trois degrés cy dessus declarés peuuent estre conioincts ensemble, lesquels seront cognus premierement, le Meuf par les pauses, Le Temps par le cercle rond, et entier, La Prolation, par le poinct mis, et situé au dedans dudit cercle, Alors tout y sera parfait depuis la Maxime, qui appartient au Meuf Maieur, iusques à la Semibreue, qui appartient à la Prolation. (a) Et s'il y a quelque imperfection, et deffaillance de signe sur aucun desdits trois degrés, alors les notes, sur lesquelles laditte imperfection escherra, seront mesurées par deux. (b) Et aussi faut noter que quand Meuf Mineur parfait est figuré ainsi. (c) Combien que le cercle soit rond, et entier, ce neantmoins il n'y a que la Longue qui soit parfaitte, car ce nombre de deux y apposé demonstre la Breue estre imparfaitte, laquelle ne vaut pour lors que deux. (c) Et quand il est signé par la pause contenant quatre regles, si le cercle est rond, la Breue y sera parfaitte, comme la Longue. (d) Et pareillement faut retenir que les pauses tant du Meuf Maieur, que du Mineur, situées deuant le cercle, ne doiuent estre contées, ne mesurées comme celles qui sont situées apres. Et n'est permis aux deux autres degrés qui sont le Temps, et la Prolation de mettre aucune Pause deuant leur signe, ne de les faire toucher quatre regles, car cela seulement appartient au Meuf.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiiijr,2; text: Meuf Maieur parfait. Meuf Mineur parfait. et Temps parfaits. et Temps imparfait. Prolation parfaitte. .a. .b. .c. .d.] [MENNOU 02GF]

De l'imperfection des notes.

Chapitre 7.

TOute note en degré parfait (combien que de sa nature soit parfaitte) comme la Maxime, et la Longue au degré de Meuf Maieur, et Mineur. La Breue au [-f.Aiiijv-] degré du Temps, et la Semibreue, au degré de la Prolation. Ce neantmoins elle peut estre diminuée de sa tierce partie, et perdre autant de sa valeur, comme vaut la note, ou pause, qui la suit, ou precede estant de moindre valeur que elle, lesquelles ensemble parferont le nombre de trois, lequel faut tousiours garder, et obseruer. (a) Excepté les regles du chapitre sequent. Et aussi perdent la tierce partie de leurs valeurs quand elles sont toutes noires.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiiijv,1; text: Meuf Maieur. Meuf Mineur. Temps. Prolation. .a. .b.] [MENNOU 02GF]

Regles generales desdits trois degrés.

Chapitre 8.

TOutes-fois, et quantes, que deux Longues en Meuf Maieur parfait, sont situées entre deux Maximes sans aucun poinct entre deux. Les Maximes demeurent parfaittes. Et la seconde Longue alterée, c'est à dire augmentée d'une fois autant que sa valeur. (a) S'il y a trois Longues entre lesdittes deux Maximes sans aucun poinct, il n'y aura nulle alteration aux Longues: mais les Maximes demeureront parfaittes. (b) S'il en y a quatre, adonc la premiere Longue se ioindra auecques la premiere Maxime, laquelle sera pour lors imparfaitte affin que le nombre de trois demeure en apres tousiours parfait. (c) Ainsi faut-il entendre de tous les autres signes desquels i'ay parlé cy deuant, chascun aux notes sur lesquelles leur puissance s'estend, comme en Meuf Mineur parfait, les Breues entre les Longues, et au degré du Temps les Semibreues entre les Breues, et au degré de la prolation, les Minimes entre les Semibreues. Et si les trois degrés sont conioincts ensemble faudra pareillement obseruer lesdittes regles precedentes, sur toutes notes desquelles le signe de leur perfection sera comprins, et signé depuis laditte Maxime, qui appartient au Meuf iusques à la Semibreue, qui appartient à la Prolation. (d) Et s'il y a imperfection sur aucun desdits degrés, lesdittes regles seront nulles sur les notes d'icelluy, ou se trouuera laditte imperfection, par ce qu'il n'y a nulle alteration, ne perfection de notes aux signes imparfaits. (e)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Aiiijv,2; text: Meuf Maieur. Meuf Mineur. Temps. Prolation. .a. .b. .c. .d.] [MENNOU 03GF]

[-f.Bir-] [Menehou, Nouvelle Instruction, f.Bir,1; text: Meuf Maieur parfait. Meuf Mineur parfait. Temps imparfait. Prolation parfaitte. .e.] [MENNOU 03GF]

Des trois sortes de poinctz, cest assauoir de Diuision, de Perfection, et d'Addition.

Chapitre 9.

LE poinct de Diuision, lequel n'est qu'en degrés parfaits, ne sert que pour separer deux Longues assises entre deux Maximes, de Meuf Maieur, ou deux Breues entre deux Longues, de Meuf Mineur, ou deux Semibreues entre deux Breues, du teps, ou deux Minimes entre deux Semibreues de la Prolation. (a) A l'absence duquel il y auroit alteration sur la seconde note, qui seroit enclose, comme i'ay dit cy deuant, Et lors il separe la premiere note enclose, auec sa precedente, qui est imparfaitte, pour faire et accomplir son nombre de trois, et les deux autres suyuantes pareillement. Et se peut aussi appeller poinct de demonstration, car quand il y a trois Longues entre lesdittes deux Maximes, ou trois Breues entre lesdittes deux Longues, et consequemment des autres degrés, et que le poinct est signé vn peu plus haut que la premiere desdittes trois encloses, alors il demonstre la premiere Maxime, ou principalle note estre imparfaitte, et prendre sa perfection sur la premiere des trois encloses, desquelles encloses, la troisiesme sera pour lors alterée, affin que le nombre y soit, et demeure parfait. (b) Le second s'appelle poinct de Perfection, lequel n'augmente, ne diminuë: mais il garde en perfection la note à laquelle il est mis (combien que d'elle mesme elle soit parfaitte) et ne se trouue que aux signes parfaits, comme celluy de deuant. (c) Le troisiesme, et dernier est appellé poinct d'Addition, ou d'augmentation, c'est celuy lequel nous trouuons le plus en vsage, car il sert tant au signes parfaits, que aux imparfaits, et vaut tousiours la moitié de sa note precedente. (d)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Bir,2; text: Meuf Maieur. Meuf Mineur. Temps, et Prolation. Poinct de Diuision. Poinct de Perfection. Poinct d'Addition. .a. .b. .c. .d.] [MENNOU 04GF]

[-f.Biv-] Des proportions, et de leurs signes.

Chapitre 10.

PRoportion n'est autre chose, qu'une comparaison d'un nombre à vn autre d'inegale valeur, comme de deux à vn, ou de trois à deux, et non de vn à vn, ne de deux à deux, et ainsi consequemment des autres. Et est diuisée en deux, cest à sçauoir en Maieure, et Mineure, Et premierement la Maieure proportion, est cognuë quand le Maieur nombre est mis, et situé dessus le Mineur, comme deux sur vn, ou quatre sur deux (que lors nous appellons double proportion) (a) Triple qui est trois pour vn (b) Quadruple quatre pour vn. (c) Sesquitierce, quatre pour trois. (d) Et Sesquiautre (que le vulgaire appelle Sesquialtera) trois pour deux. (e) Lesquelles proportions ainsi signées, font diminuer leurs notes d'autant que le nombre le demonstre, c'est à dire qu'il faut passer autant de notes, que le nombre Maieur vaut, en aussi peu de temps, et contre celles, que demonstre, et vaut le Mineur nombre, qui est dessous iceluy Maieur. Et pour faire cesser en apres laditte proportion, ne faut que changer seulement le nombre, qui est de mettre le Mineur dessus le Maieur. (f) Adonc la proportion prendra fin, ou y mettre quelque autre signe plus euident, pour demonstrer la fin de laditte proportion, comme appert par lexemple suyuant, laquelle suffira pour demonstrer combien les notes diminuent, selon que la proportion est signée.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biv,1; text: 1, 2, 3, 4 .a. .b. .c. .d. .e. .f.] [MENNOU 03GF]

Exemple de la double proportion, en laquelle il faut passer deux Semibreues pour vne.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biv,2; text: Dvo.] [MENNOU 04GF]

De la Mineure proportion.

Chapitre 11.

LA Mineure proportion, est quand le Mineur nombre est premierement mis, et situé dessus le Maieur, comme vn sur sur deux, ou deux sur quatre et ainsi de tous les autres. (a) Alors les notes augmentent de telle sorte, et d'autant de valeur comme elles ont diminué cy deuant en la maieure proportion, c'est à dire que les notes quelles qu'ils soient demonstrées par le mineur nombre, qui est dessus le maieur, augmentent iusques à la concurrence du maieur nombre, selon qu'il est signé, Et soudainement [-f.Bijr-] ledit nombre mis au rebours, ou quelque autre signe plus euident, laditte proportion prendra fin, comme cy deuant a esté dit, et declaré en la maieure proportion, Et comme appert par l'exemple suyuant, laquelle demonstre l'augmentation des notes, selon la proportion signée.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Bijr,1; text: 1, 2, 3, 4 .a. Dvo.] [MENNOU 05GF]

DEsquelles proportions cy dessus nous n'en auons maintenant que deux qui soient en vsage, que nous appellons Tripla, trois vn, et Sesquialtera, trois pour deux, lesquelles se figurent maintenant ainsi (a) ou ainsi. (b) Et n'y a aucune difference entre ces deux signes, sinon que le premier doit auoir son nombre parfait par trois, et l'autre par deux, ie n'en feray d'autre mention pour le present, par ce qu'ils sont assés cognus (combien que ie trouue autres signes pour aisement les discerner, et cognoistre) selon Ioannus Froschius en son dit liure intitulé Rerum musicalium opusculum Chapitre 18. qui sont tels pour le Tripla ainsi (c) ou ainsi. (d) Et le Sesquialtera ainsi (e) ou ainsi. (f) Et est de ceste opinion Glarianus en son Dodecachordon troisiesme liure, Et de ma part il me semble quils sont plus euidents pour discerner le Tripla d'auecques le Sesquialtera, pour raison des signes qui y sont, par lesquels l'on cognoit aisement le Tripla, trois pour vn, et Sesquialtera, trois pour deux, que les signes que nous y mettons à present. Et mesme soubs la lettre de 3. le Tripla est formé, et entendu, Et le Sesquialtera pareillement: mais pour bien l'entendre si en toutes les parties laditte lettre de 3. y est ce sera Tripla, si elle n'est qu'en vne, ou en deux parties contre les autres qui chanteront en nombre binaire, alors ce sera Sesquialtera, trois pour deux, autrement il est mal aisé de les cognoistre, pour ce qu'ils sont tous deux signés d'un mesme signe, tesmoing Iosquin en l'Osanna de sa messe Aue maris stella.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Bijr,2; text: 1, 2, 3 .a. .b. .c. .d. .e. .f.] [MENNOU 05GF]

De l'augmentation d'aucuns signes, au regard des autres.

Chapitre 12.

TOutes-fois, et quantes que le signe de la prolation parfaitte est signé en vne partie contre l'imparfaitte, qui est cognuë par l'absence du poinct mis, et situé dedans le cercle, les notes, et pauses de laditte Prolation parfaitte doublent, et augmentent de valeur, de sorte que la Semibreue [-f.Bijv-] parfaitte vaudra trois mesures, et la Minime blanche vne, et sera alors laditte Prolation appellée signe d'Augmentation, pour le regard des autres parties. Exemple. (a) Et si elle est signée en toutes les parties, il n'y aura nulle augmentation à vne partie plus qu'à l'autre: mais ce sera parfaitte Prolation. Exemple. (b) Aussi, si en quelque degré que ce soit, le cercle rond, ou demy est mis en vne partie sans aucune barre par le meillieu dudit cercle, contre vn autre signe, qui soit barré, la partie de celuy sans barre augmentera, et doublera par tout d'une fois autant que sa valeur contre l'autre partie. Exemple. (c) Et pour ceste raison les signes qui sont barrés sont dits tousiours estre à la moitié de ceux, qui sont sans aucune barre, lesquels doublent de valeur contre les autres. Et pareillement, si ceste lettre de [2-] est apposée apres quelque signe que ce soit parfait, ou imparfait en vne, ou en deux parties des quatres, les autres parties, qui seront sans laditte lettre de [2-]. augmenteront, et doubleront de valeur contre les autres, qui auront laditte lettre. Exemple. (d) mais quand toutes les parties sont de semblable signe, il n'y a nulle augmentation à vne plus qu'à l'autre. (e) Ne pareillement en telle sorte. (f) Car la difficulté ne gist qu'à ceux barrés comparés aux autres sans barre.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Bijv,1; text: Dvo. .a.] [MENNOU 05GF]

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Bijv,2; text: Dvo. .b. .c. .d. 2] [MENNOU 06GF]

[-f.Biijr-] [Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biijr; text: Dvo. .e. .f.] [MENNOU 07GF]

Pour apprendre à accorder les quatre parties.

Chapitre 13.

IL est de besoing à celuy (qui desire accorder ensemble les quatre parties) de regarder la plus basse note de la Bassecontre, et la plus haute du Dessus, affin que cela fait il puisse bailler le ton, en telle sorte que les parties soient ouyes, et le ton baillé, premierement à la Bassecontre, lors il pourra facillement prendre le ton des autres parties, selon l'assiette de leurs premieres notes.

Des huit tons de toute Musique.

Chapitre 14.

POur facilement entendre, et sçauoir, que c'est que d'un ton, ce n'est autre chose sinon qu'une certaine situation de notes par regle, contenant expressement la maniere de cognoistre leur fin, et notes dominantes, par lesquelles vn chascun ton est cognu. Et sont lesdits huit tons diuisés en deux sortes, dont il y en y a quatre, que nous appellons Autenti toni. Et les autres quatre plagales. Toni autenti sont appellés ceux lesquels ne descendent que d'une note plus bas que leur fin, et en peuuent monter huit, ou neuf par dessus regulierement, et sont quatre de telle sorte, c'est assçauoir Le premier, Le troisiesme, Le cinqisesme, et Le septiesme. Les autres quatres sont appellés Plagales, lesquels ne peuuent monter regulierement plus haut que leur fin, que de cinq, ou six notes, et par dessoubs descendre de quatre, Qui sont Le second, Le quatriesme, Le sixiesme, et Le huitiesme.

De leurs notes dominantes, et de leur fin.

Chapitre 15.

LE premier, et le second se finent tous deux en ré, mais le premier a sa note dominante en la, qui est vne Quinte plus haut que sa fin, Et le second en fa, qui n'est qu'une Tierce seulement. (a)

LE tiers, et le quart se finent tous deux en mi, mais le tiers a sa note dominante en fa, vne Sixte plus haut que sa fin, Et le quart en la, d'une quarte. (b)

LE quint, et Le sixte se finent tous deux en fa, Le cinqiesme en fa, vne quinte plus haute que sa fin, pour si dominante, Et le sixte en la, vne tierce. (c)

[-f.Biijv-] LE septiesme, et le huitiesme se finent tous deux en vt, Le septiesme est en sol, vne quinte de sa fin, pour sa dominante, Et le huitiesme en fa, vne quarte, dont la regle commune s'ensuit.

PRi. ré, la. Se. ré, fa. Ter. mi, fa, Quart. quòque mi, la, Quint. fa, fa, Sex. fa, la. Sept. vt sol. Oct. tenet vt, fa. S'il en y a aucun qui excede, et outrepasse les limites de son ton, il sera appellé irregulier, et pareillement s'il n'obserue les dominantes, ainsi que dit est.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biijv,1; text: Premier. Second. Troisiesme. Quatriesme. Cinqiesme. Sixiesme. .a. .b. .c.] [MENNOU 07GF]

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biijv,2; text: Septiesme. Huitiesme. .d.] [MENNOU 08GF]

Le nombre des concordances, et accords.

Chapitre 16.

IL n'y a que quatre accords, dont l'vnisson est le premier, lequel se fait de deux notes, ou plusieurs en vn mesme ton. Le second accord, est vne tierce, qui sont trois notes. Le troisiesme est vne quinte, qui sont cinq notes. Le quatriesme est vne sixte, qui sont six notes. Voila les quatre accords, dont il y en y a deux parfaits, qui sont l'vnisson, et la quinte, et deux imparfaits, qui sont la tierce, et la sixte, Et different de l'un à l'autre, car l'accord parfait rend beaucoup plus de douceur, et d'armonie, que l'accord imparfait. Il y a plusieurs autres accords, lesquels sont formés des quatre cy dessus nommés. Et premierement de l'vnisson est formée la double, laquelle est à huit notes de l'vnisson, et pareillement en est formée la quinziesme (que nous appellons double sus double) De la quinte est formée la douziesme (que nous appellons quinte sus double) qui sont les deux accords parfaits. De la tierce est formée la dixiesme, qui est appellée tierce sus double, et la dixseptiesme, Et de la sixte est formée la treiziesme, autrement sixte sus double, qui sont les deux autres accords imparfaits.

[-f.Biiijr-] La maniere de former lesdits accords.

Chapitre 17.

POour faire, et former l'vnisson, faut mettre, et asseoir deux notes, ou plusieurs en vn mesme lieu, et ton (a) Pour former la tierce faut de trois notes taire celle du milieu, comme de re, à fa. (b) Pour former la quinte faut pareillement chanter la cinqiesme note contre la premiere, comme ré, la. (c) De la sixte semblablement. (d) De la double. (e) De la tierce sus double. (f) De la quinte sus double. (g) De la sixte sus double. (h) De la double sus double, qui est la quinziesme. (i) De la dixseptiesme. (k)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biiijr,1; text: .a. .b. .c. .d. .e. .f. .g. .h. .i. .k.] [MENNOU 08GF]

Pour apprendre à faire Contrepoinct.

Chapitre 18.

APres auoir eu ample cognoissance des accords cy dessus nommés, il ne reste que de sçauoir maintenant la maniere d'en vser, et pratiquer. Et pour ce faut retenir que pour commencer à faire Contrepoinct, qui est de faire accords note contre note, il conuient pour le commencement desconter depuis la note sur laquelle l'on veut faire, et former vn accord, iusques à la quinte, ou à la double, par ce qu'il faut tousiours commencer son Contrepoinct par vn accord parfait, et y finir pareillement. Et faut tousiours prendre, et choisir les plus prochains accords que l'on pourra, de sorte que s'il est possible ne faut eslongner vne partie de l'autre de la double, ou tierce sus double, pour le plus. Et semblablement ne faut descendre iusques à l'vnisson, combien qu'il soit accord parfait, toutes-fois il n'est pas bon, ne licite d'en vser, parce que des deux parties n'en sembleroit que vne, si ce n'est en quelque cadence, exemple de ce que dessus.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biiijr,2] [MENNOU 08GF]

Regles generales des accords parfaits.

Chapitre 19.

DEux accords parfaits sont deffendus l'un apres l'autre, cela se doit entendre de deux doubles ensemble descendant, ou montant sans aucune note entre deux (a) Et semblablement deux quintes. (b) Mais de la double à la quinte, ne de la quinte à la double, cela n'est point deffendu, tant en montant, qu'en descendant, combien que ce soient deux accords parfaits. (c)

[-f.Biiijv-] [Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biiijv,1; text: .a. .b. .c.] [MENNOU 09GF]

Des accords imparfaits.

Chapitre 20.

ACcords imparfaits sont bons, l'un apres l'autre, et peut-on en vser trois, quatre, et d'auantage, sans aucune note entre deux. (d) Toutes-fois le moins de sixtes que l'on pourra, par ce que l'accord en est rude, et mal sonant, si la double ne la suit soudainement, comme sa propre nature le requiert. (e) Et la quinte apres la tierce. (f) C'est ce que communement on appelle cadence.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biiijv,2; text: .d. .e. .f.] [MENNOU 09GF]

Des Minimes, et Demiminimes.

Chapitre 21.

SI en apres l'on veut faire Minimes blanches contre Semibreues, ou notes de plain chant, faut que lesdittes Minimes soient toutes bonnes, contre lesdittes Semibreues. (a) Et pour faire quatre noires, contre vne desdittes Semibreues, faut que la premiere, et troisiesme desdites noires, soient tousiours bonnes, et fournies de bons accords contre icelles Semibreues, car faut entendre, qu'entre deux bonnes vne mauuaise passe, laquelle est sauuée, et entendue, par la note precedente. (b) Aussi il y a autres mauuais accords, lesquels sont sauués, et entendus par la note subsequente, et cela aduient le plus souuent en cadences, car toute cadence se doibt acheuer, et finir par vn accord parfait, lequel pour la douceur, et harmonie qu'il rend en la fin de laditte cadence, fait ce mauuais accord precedent estre doux, et harmonieux, comme il appert en la fin de l'exemple suyuant.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Biiijv,3; text: .a. .b. .c.] [MENNOU 09GF]

Pour faire vn accord à trois parties.

Chapitre 22.

POur composer à trois parties, faut pareillement coucher ses accords tousiours au plus pres que l'on pourra, de sorte, que si la Taille est à la tierce, ou à la quinte [-f.Cir-] de la Bassecontre, l'autre partie en sera à la double, ou au plus prochain accord que l'on pourra trouuer, affin que l'on ne puisse adiouster vne autre partie entre deux. (d) Et doiuent lesdittes parties estre garnies de bons, et valables accords contre icelle-ditte Bassecontre, car c'est le fondement, et celle qui supporte toutes les autres parties, lesquelles ne sont subiectes d'estre garnies d'accords, l'une contre l'autre: mais peuuent vser de quartes, et autres mauuais accords, pourueu qu'icelle-ditte Bassecontre face son deuoir de les sauuer, ce qu'elle peut faire facilement. (e) Et feront leur cadence ainsi, c'estassauoir, que la Taille sera à la quinte de la Bassecontre, et finira à l'vnisson, ou à la double plus haut. Et l'autre partie en sera à la tierce, ou tierce sus double, et finira à l'vnisson, ou à la double plus haut, selon que seront les parties, et le vouloir du compositeur. (f)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Cir,1; text: Trio. .d. .e. .f.] [MENNOU 10GF]

Pour faire vn accord à quatre parties.

Chapitre 23.

POur composer à quatre parties, si la Taille est à l'vnisson de la Bassecontre, La Hautecontre montera à la tierce, ou à la quinte plus haut, et le Dessus iusques à la double de laditte Taille. (a) Et quand la Taille sera d'une quinte plus haut que laditte Bassecontre, La Hautecontre montera encore plus haut d'une quarte, et le Dessus encore plus haut d'une tierce. (b) Et quand laditte Taille en sera à la double, la Hautecontre sera encore plus haute d'une tierce, et le Dessus encore plus haut d'une autre tierce, aucunes-fois d'une sixte. (c) Et quand laditte Taille en sera à la tierce sus double, alors la Hautecontre montera d'une tierce encore plus haut, et le Dessus encore plus haut d'une quarte. (d) Et ne faut eslongner ses parties d'auantage, car la Musique en seroit trouuée fort nue, et estrange: mais faut asseoir ses accords plus pres, pour la rendre douce, et plus remplie. Et feront leur cadence ainsi, cest assauoir la Taille tousiours à la quinte de la Bassecontre, la Hautecontre d'une quarte plus haut, qui sera à la double de la Bassecontre. Et le Dessus à la tierce sus double d'icelle Bassecontre, et finiront toutes à la double l'une de l'autre, fors la Hautecontre, laquelle demeure à la tierce, ou quinte sus double. (e)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Cir,2; text: .a. .b. .c. .d. .e.] [MENNOU 10GF]

[-f.Civ-] Deux cadences irregulieres.

Chapitre 24.

EN tous les lieux, et sur toutes notes, ou l'on voudra faire cadence, l'on pourra coucher les accords chascun en son lieu, et en la mesme sorte que les cadences cy deuant specifiées: excepté la cadence de a la mi ré, en chant de b mol, et celle de e la mi, tant en b mol, qu'en [sqb] quarré. Lesquelles ne se peuuent faire, ne former comme les autres, par ce que la Taille, qui doit auoir en toutes cadences, vne quinte parfaitte, contenant trois tons, et demy, contre la Bassecontre, n'a en ces deux cadences (cy dessus nommées) que deux tons, et deux demy tons, en sorte qu'il n'y peut auoir aucun accord, pour raison que la Taille chante fa, et la Bassecontre mi, qui est vne quinte que nous appellons, et disons estre fauce. (a) Au lieu desquelles dittes cadences, nous en auons deux autres, qui sont formées ainsi, Cest-assauoir, que la Bassecontre descendra à la tierce de la Taille, et finira à la quinte. La Hautecontre sera à la quinte de laditte Bassecontre, et finira à la double, et le Dessus à la double, et finira à la quinte sus double. (b)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Civ; text: La fauce cadence de a la mi ré. La fauce cadence de e la mi. La bonne cadence de a la mi ré. La bonne cadence de e la mi, tant par b mol, que par [sqb] quarré. .a. .b.] [MENNOU 11GF]

Autres cadences fort douces, et harmonieuses.

Chapitre 25.

NOus trouuons quelque fois, que la Taille fait la cadence du Dessus, à la double de la Bassecontre. La Hautecontre, celle de la Taille. Et le Dessus celle de la Hautecontre. Laquelle chose est fort douce, et plaisante. (a) Aussi quand la Taille, et la Hautecontre font ensemble vne cadence. La Taille à la quinte de la Bassecontre, et la Hautecontre à la double, et le Dessus à la tierce sus double, [-f.Cijr-] c'est pareillement vn accord fort harmonieux. (b) Et combien qu'en faisant cesdittes cadences, il se trouue aucuns mauuais accords, les vnes parties, contre les autres, et mesmement contre la Bassecontre, ce neantmoins ils sont bons, pource qu'en faisant fin à la cadence, l'accord parfait s'ensuit, lequel les fait, et rend doux, et harmonieux: Aussi qu'ils sont entendus, et sauués par la notte subsequente, comme i'ay autres-fois dit.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Cijr,1; text: .a. .b.] [MENNOU 12GF]

Pour faire vn accord à cinq parties.

Chapitre 26.

POur composer à cinq parties, l'on pourra facilement trouuer accords propices pour la cinqiesme partie. Aussi qu'il n'est besoing que les cinq parties chantent continuellement ensemble, n'y pareillement quatre: mais on les peut aucunes-fois entrelasser à trois, ou à quatre parties, par le moyen d'aucunes pauses, qui est vne chose souuent de meilleure grace, que si lesdittes cinq parties chantoient tousiours ensemble. Et la cadence de la cinqiesme partie sera à la tierce de la Bassecontre, et finira à la quinte, ou d'une double plus haut, selon que ce sera Taille, ou Dessus. (c)

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Cijr,2; text: .c. Quinta pars.] [MENNOU 12GF]

[-f.Cijv-] Ce qui est necessaire deuant que de composer.

Chapitre 27.

IL est de besoing à celuy qui desire coucher par escript, soit à deux, à trois, à quatre, ou à cinq parties, de considerer premierement dequel ton il veut faire sa chanson, ou autre chose que ce soit, affin qu'il en puisse obseruer la note dominante, c'est de faire l'une des principales cadences de sa chanson, sur la dominante de son ton. Et aussi de n'outrepasser les limites d'iceluy, qui est de ne le monter plus haut qu'il ne doit, ne de le descendre pareillement plus bas, et de le faire finir suyuant sa nature. Lesquelles choses se doiuent obseruer, et garder en la partie de la Taille. Et aussi que Franchinus Gaforus dit, que si la lettre est louable, ou modeste, qu'il la conuient mettre du premier, ou du huitiesme ton. Si elle est aspre, et dure du troisiesme, ou du septiesme. Et si elle est pitoyable, ou lamentable du quatriesme, ou du sixiesme, combien que peu de Musiciens y prennent garde, mesme aussi faut obseruer en la fin de la Musique le nombre par deux, quand le Mineur imparfait est signé, qui est nombre binaire. Et par trois quand le parfait y est, qui est nombre ternaire. Et de faire chanter ses parties le plus plaisamment que l'on pourra, lesquelles choses sont fort louables entre les Musiciens.

Pour cognoistre les Canons.

Chapitre 28.

COnsiderant que beaucoup de ieunes gens laissent à chanter souuentes-fois quelque bonne Musique à faute d'entendre, et sçauoir quelque petite difficulté, que les Musiciens mettent souuent en vne partie de leur Musique, qu'ils appellent vulgairement Canon, Cela m'a induit à rediger par escript, le plus briefuement, que i'ay peu faire les differences qu'il y a. Et pource aucuns Musiciens ont de coustume de signer le Canon, non seulement quand il se doit commencer, car coustumierement ils le font: mais aussi de signer le propre ton sur lequel il se doit prendre, si faire se peut, sans y mettre aucun titre par dessus les autres, en y mette pour plus aisement les cognoistre, et pour tant.

Canon in Diatessaron, c'est à la quarte.

Canon in Diapente, c'est à la quinte.

Canon in Diapason, c'est à la double.

Canon in Disdiapason, c'est à la double sus double.

IL y a autres Canons, ausquels il gist grande difficulté, pour raison que l'on ne donne à cognoistre la maniere de les trouuer, cela pareillement se fait à plaisir, pour donner à penser, non seulement aux ieunes: mais aussi à ceux lesquels sont vsités de long temps en la Musique: comme pourras voir par l'exemple du Canon quatriesme.

[-f.Ciijr-] Canon in Diatessaron.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Ciijr,1; text: Premier. Dvo.] [MENNOU 13GF]

Canon in Diapente.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Ciijr,2; text: Second. Dvo.] [MENNOU 13GF]

Canon in Diapason.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Ciijr,3; text: Troisiesme. Dvo.] [MENNOU 13GF]

Canon en vn mesme ton: mais au rebours du chant.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Ciijr,4; text: Quatriesme. Dvo.] [MENNOU 13GF]

Fin.

[-f.Ciijv-] Monsieur de Menehov. Svperivs, et tenor.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Ciijv; text: Le souuenir de madame iolie, Me fait la nuict cinq cens fois souspirer, Si ie ne dors, c'est à moy grand' folie, Qui fait mon mal, et ennuy empirer. O Cupido viens moy tost retirer De ce malheur, me donnant iouissance De mes amours, ou à la mort tirer Me conuiendra, et tout par desplaisance.] [MENNOU 14GF]

[-f.Ciiijr-] Contratenor et bassvs.

[Menehou, Nouvelle Instruction, f.Ciiijr; text: Le souuenir de madame iolie, Me fait la nuict cinq cens fois souspirer, Si ie ne dors, c'est à moy grand' folie, Qui fait mon mal, et ennuy empirer. O Cupido viens moy tost retirer De ce malheur, me donnant iouissance De mes amours, ou à la mort tirer Me conuiendra, et tout par desplaisance.] [MENNOU 15GF]


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